La DME n’a plus le vent en poupe ? Petite mise au point

Alimentation, Ergothérapie

Ces dernières années, la Diversification Menée par l’Enfant (DME) a séduit de nombreux parents, vantée pour son respect de l’autonomie, de l’appétit de l’enfant et pour sa convivialité. Mais aujourd’hui, les recommandations ont évolué, et la DME semble perdre de sa spécificité.

Des morceaux dès 6 mois : une recommandation générale

Les nouvelles recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS 4) sont claires : la proposition de morceaux ne doit pas être retardée au-delà de 10 mois et peut commencer à partir de 6 mois, à condition que le bébé tienne assis seul. L’introduction précoce des aliments en morceaux à montrer une meilleure acceptation des fruits et légumes plus tard.

C’est un changement majeur : l’introduction précoce des morceaux devient une norme, et non plus une spécificité de la DME.

Le respect de l’appétit : un principe universel

Un autre pilier souvent mis en avant quand on fait la DME, c’est le respect du rythme et de l’appétit de l’enfant. Mais là encore, les recommandations actuelles insistent sur l’importance de respecter les signaux de faim et de satiété, quelle que soit la méthode utilisée, on ne force pas les enfants à finir le biberon ou à finir les purées et compotes. Il faut garder en tête que même si on achète des aliments industriels, la quantité dans un pot ne donne pas l’information que le bébé doit finir son pot. Même quand on donne nous à la cuillère les aliments à bébé, les signaux de satiété sont clairs et il faut juste les connaitre pour ne jamais être trop insitant sur une ouverture de bouche que ce soit au sein, au biberon ou encore lors de la diversification. Si tu veux identifier les signes de faims et de satiété de bébé, on a fait un guide pour toi sur le site.

Apprendre à biberonner et les animaux de la faim

La DME n’a donc plus le monopole du respect du rythme de l’enfant. C’est encore une fois une généralité dans la diversification alimentaire. D’ailleurs, il est important de mettre en place ce principe pour nos enfants et de ne pas paniquer si les quantités et équilibre ne sont pas présentes à chaque repas. La quantité de prise alimentaire et l’équilibre c’est sur une semaine au moins qu’on va l’évaluer. Alors si l’enfant ne veut pas trop manger un soir parce qu’il est fatigué ou énervé, il est important de ne pas mettre en place de la distraction ou encore du chantage pour le faire manger. On respecte sa demande et il va compenser sur les autres repas.

Et l’autonomie dans tout ça ?

L’autonomie de l’enfant reste une valeur essentielle, mais elle doit être envisagée en tenant compte de ses capacités motrices et sensorielles réelles. Qu’on suive une DME stricte ou une diversification classique, l’important est de s’adapter à l’enfant.

Car oui, les petites mains sont encore très maladroites à 6 mois, comme à 9 mois ou même à 18 mois. Le repas est une tâche complexe : il mobilise la posture, la motricité fine, la coordination main-bouche, la mastication, l’attention, la curiosité… et beaucoup d’énergie !

Un bébé peut s’arrêter de manger non pas parce qu’il n’a plus faim, mais parce qu’il est fatigué, débordé par la charge cognitive et physique que représente le repas, et juste avoir besoin d’un peu d’aide pour apporter les aliments vers sa bouche. En effet, Il n’a pas de risque de proposer nous même les aliments devant la bouche de l’enfant.

Plutôt que de prôner que bébé « doit manger seul dès le départ », il est donc plus juste de lui proposer une aide ajustée à ses besoins du moment : parfois en le laissant faire seul, parfois en l’accompagnant, en lui proposant un coup de pouce, une cuillère alternée, ou un aliment plus facile à manipuler. L’autonomie, ce n’est pas tout faire seul, c’est faire ce qu’on peut, avec le bon niveau de soutien.

Il est important de bien comprendre le lien entre la motricité globale, la motricité fine et le développement alimentaire de l’enfant. Pour cela j’ai crée un E-learning afin de vous montrer que tous les bébés ont les mêmes compétences et que la diversification n’est pas une question de méthode mais de compétence.

Formation complète sur la diversification alimentaire

Des avantages supposés… pas encore prouvés

Selon le Comité de nutrition de la Société Française de Pédiatrie, les données scientifiques actuelles ne permettent pas d’affirmer que la DME soit supérieur par rapport à une diversification menée selon les recommandations classiques.

Des risques potentiels existent : apports nutritionnels déséquilibrés, carences, etc…

Il faut garder à l’esprit que DME ou pas, tu vas proposer les morceaux en taille adaptée à la préhension de l’enfant et une texture qui correspond à son stade oral. Si on observe des mouvements de protusion de langue, alors bébé est encore au stade du serpent et on ne peut donner que des purées lisses fines.

Si la langue reste dans la bouche, et que le bébé écrase au palais avec une bonne tenue assise (quand on le met en position assise), le bébé est au stade lézard assis, on peut donc lui donner des aliments fondants et croustifondants qu’il peut prendre lui même (ou pas pour mettre à la bouche).

Au stade du crocodile, c’est la révolution, le bébé à la pince et le croisement de la ligne médiane qui te permet de donner des petits morceaux. Il est donc important d’arrêter de présenter en gros morceaux pour encourager les mouvements fins de la langue.

Quand ton bébé est au stade de la vache, il a alors une alimentation de table qui lui permet de manger comme toi. On reste toutefois vigilant à la taille et la texture des morceaux notamment pour les aliments à haut risque étouffement.

Pour savoir quel taille donner et quel texture c’est le guide des premiers morceaux

 

Ce que le PNNS recommande réellement

Introduire tous les groupes d’aliments pas avant 4 mois révolu et pas après 6 mois (y compris allergènes).

Proposer des morceaux dès 6 mois si le bébé tient assis stable, sans attendre les dents, en respectant les capacités de l’enfant.

Favoriser une alimentation variée, partagée, faite maison si possible.

Respecter l’appétit, éviter les écrans et instaurer des repas conviviaux avec la famille

Conclusion : la DME, une inspiration plus qu’une méthode ?

Plutôt que d’opposer DME et diversification classique, il semble aujourd’hui plus pertinent de s’en inspirer pour enrichir la diversification traditionnelle : autonomie, plaisir, repas en famille, textures variées…

La vraie question n’est donc plus « DME ou pas DME ? », mais bien : Comment proposer à notre enfant une alimentation diversifiée, respectueuse de ses compétences et de son plaisir ?

J’ai élaboré un programme respectueux des compétences de chaque enfant qui accompagne les enfants quelque soit leur compétence, même nos enfants extraordinaires. Ce programme je l’ai appelé P.E.A.S.I pour Programme d’Eveil Alimentaire Sensoriel Individualisé. Une approche simple et intuitive, qui ne se concentre pas sur la manière de donner un aliment, mais sur la façon d’accompagner bébé au quotidien dans cette étape importante de la diversification alimentaire. Je ne vais pas vous apprendre à présenter un aliment, je vais vous montrer comment adapter la texture des aliments et la taille pour bébé en fonction de l’étape dans laquelle, il se trouve. Pour cela, j’ai développé une méthode inspirée par les connaissances que j’ai acquises, l’observation du développement de l’enfant et ma clinique en tant que ergothérapeute spécialisé en alimentation. Cette méthode repose sur quatre étapes du développement, chacun symbolisé par un petit animal familier : le SERPENT, le LÉZARD, le CROCODILE et la VACHE. Chaque stade reflète les compétences de bébé et vous guide dans l’ajustement de la texture, de la forme et de la taille des aliments. Si tu veux que je te présente la méthode tu peux regarder mon E-Learning.

Découvrir le E-learning avec P.E.A.S.I

Et vous, avez-vous testé la DME ou la diversification classique? Partagez vos questions et votre expérience en commentaire, elle pourra aider d’autres parents en pleine diversification!

À quel âge et sous quelle forme donner la banane à bébé ?
Comprendre Nos Petits Mangeurs : Comment Accompagner Sans Stress ?
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.

Vous aimerez aussi…

Partagez cet article ! 

Articles récents