À quel âge et sous quelle forme donner la banane à bébé ?

Alimentation, Ergothérapie

Vous avez peut-être vu passer cette terrible information : un enfant de 20 mois est décédé récemment des suites d’un étouffement après avoir mangé un morceau de banane. Cette nouvelle m’a profondément bouleversée. En tant que professionnelle spécialisée dans l’alimentation de l’enfant, et notamment dans les textures adaptées à leur développement, j’adresse mes pensées les plus sincères aux parents, à l’équipe encadrante et à toutes les personnes touchées par ce drame.

Mais j’ai aussi été interpellée, par certains commentaires lus ici et là :

“On n’aurait jamais dû lui donner ça”, “C’est la faute de la crèche”, “À cet âge-là, il faut tout écraser”.

C’est pourquoi j’ai souhaité vous apporter ici, sans jugement ni panique, des repères clairs, basés sur les compétences de l’enfant et non sur des croyances ou de la peur.

Oui, la banane peut être un aliment à risque…

Tous les aliments peuvent présenter un risque d’étouffement, certains plus que d’autres. Ce qui compte, c’est la forme, la texture et l’adaptation aux compétences de l’enfant.

Alors que peut manger un enfant de 24 mois ?

À 2 ans, un enfant entre dans ce qu’on appelle l’alimentation de table : il est capable, grâce à ses compétences, de manger les mêmes textures que les adultes, à condition de rester vigilant sur la taille des morceaux, notamment avec certaine texture ou forme. On recommande des tailles allant de 4 à 8 mm dans des standards de sécurité.

Mais l’enfant a encore besoin de développer son endurance masticatoire. Pour cela, il faut varier les textures et les tailles en toute progressivité.

Pourquoi la banane peut poser problème ?

La banane coche deux critères d’aliment à risque :
1. Une texture collante : elle peut se coller au palais ou au fond de la gorge.
2. Une forme cylindrique si elle est donnée en rondelles : elle se détache en morceaux ronds qui peuvent entrainer un étouffement. Un enfant qui n’a pas encore des mouvements de langue développés et donc, une mastication efficace et automatisée peut se retrouver en difficulté face à ce type d’aliment.

Mais alors, doit-on éviter de donner de la banane ?

Non. On peut proposer de la banane dès le début de la diversification.
Mais la clé, c’est l’adaptation :
• La maturité de l’enfant (tenue assise, capacité à mâcher, coordination)
• La texture (bien mûre, fondante)
• La forme (bâtonnets ou petits morceaux adaptés)

Comprendre le développement alimentaire avec la méthode P.E.A.S.I

C’est pour cette raison que j’ai créé le programme P.E.A.S.I : un programme d’éveil alimentaire, sensoriel et individualisé, basé sur les compétences réelles de l’enfant. On y retrouve 4 grandes phases de développement :

1. Stade Serpent (4-6 mois)

La langue fait des mouvements antéro-postérieurs (protrusion). On propose que des purées mixées lisses.

2. Stade Lézard Couché

L’enfant ne tient pas encore assis : on évite les morceaux. On propose des purées plus épaisses, granuleuses, grumeleuses, écrasées.

3. Stade Lézard Assis

L’enfant tient assis : on introduit des bâtonnets fondants ou à textures changeantes (type “Crousti-fondant”) qui s’écrasent au palais. Pour la banane : on la coupe en trois dans le sens de la longueur et on la donne bien mûre en batonnet.

4. Stade Crocodile

On peut introduire des petits morceaux de 4 à 8 mm, y compris de banane bien mûre et découpée. L’enfant a la capacité de mettre les aliments sur les côtés grâce aux mouvements latéraux de la langue. Il va donc venir écraser les aliments.

5. Stade Vache (après 12 mois)

L’enfant a une mastication qui ressemble aux mouvements de l’adulte. Mais elle lui coûte encore de l’énergie. Bien que la mastication se mette bien en place, on reste vigilant sur certains aliments à risque.

Découvrir les stades de développement dans le E-learning

Quels sont les aliments à haut risque d’étouffement ?

Ce sont ceux qui ont :
Une mauvaise forme : ronds (raisins, tomates cerises…), cylindriques (rondelles de banane, saucisses…)
Une texture problématique, collante : banane, pâte d’arachide, fromage fondu
Une texture dispersée : riz, semoule
Une texture dure : fruits secs, noix, crudités dures non râpées
Une texture fibreuse : salade, asperge, certains légumes cuits

Toutefois, tous ces aliments peuvent être donnés, à condition d’être adaptés (cuisson, découpe, présentation).

Connaitre les aliments à risque et savoir les présenter

Conclusion : pas de panique, mais de la connaissance

La banane n’est pas dangereuse en soi. Elle n’a pas besoin d’être écrasée à 24 mois si l’enfant a les compétences nécessaires.
Mais la forme et la texture doivent être ajustées, même pour les plus grands.

Je forme régulièrement les professionnels de la petite enfance et les structures d’accueil afin qu’ils soient mieux outillés face à ces enjeux, et puissent proposer des repas sécurisés, adaptés et bienveillants.

Et surtout, le risque zéro n’existe pas. Même adulte, il peut nous arriver de nous étouffer. Ce qui fait la différence, c’est la prévention, la vigilance… et la compréhension du développement de l’enfant.

Et toi, as-tu des questions sur un aliment en particulier ?
Tu veux savoir comment le proposer à ton enfant ?
Écris-moi en commentaire, je te répondrai avec plaisir.

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