LE GUIDE DES BONNES ATTITUDES A LA CANTINE

Alimentation

J’ai souvent vu passer, malheureusement, les “10 commandements” de la cantine ou des listes de règles imposées aux enfants… et c’était, disons-le franchement, affligeant : ne pas parler, ne pas bouger, ne pas aller faire pipi, manger proprement… Bref, des injonctions rigides, inadaptées aux enfants — et même aux humains en général. Des règles pensées pour la convenance des adultes, et non pour les besoins des enfants.

Suite à ces constats et à de très nombreux témoignages reçus sur ce qui se passe dans nos cantines — souvent gérées par les communes et encadrées par l’État — il me semblait important de faire un point clair, à la lumière de la loi et des connaissances en développement de l’enfant.

Un petit rappel légal : NON aux violences éducatives ordinaires

Ce n’est pas une tendance, ce n’est pas une opinion, c’est la loi.

Depuis le 10 juillet 2019, la France interdit officiellement les violences éducatives ordinaires (VEO), au même titre qu’on interdit de rouler à plus de 130 km/h sur l’autoroute. Les VEO regroupent toutes les formes de violences physiques, psychologiques et verbales utilisées à des fins éducatives.

Quelques exemples de VEO appliquées à l’alimentation :

Physiques : forcer un enfant à manger, le retenir de force à table, lui ouvrir la bouche de force.

Psychologiques : se moquer de ses goûts, l’humilier (“t’es difficile”, “tu manges comme un cochon”), lui faire du chantage (“pas de dessert si tu ne manges pas”), proférer des menaces (“tu finiras tout seul”, “pas de récré si tu ne manges pas”),

Verbal: hurler, l’intimider, faire des remarques blessantes (“tu ne manges jamais rien”, “tu seras pas fort”, “t’es nul”).

Toutes ces pratiques sont interdites. En plus d’être illégales, elles sont inefficaces, même pour les enfants qui ont des difficultés alimentaires. Elles génèrent du stress, renforcent les comportements d’évitement, et aggravent les troubles alimentaires.

Si tu observes ce genre de pratiques dans une collectivité, sache qu’elles sont hors la loi. Et comme pour toute infraction, il y a d’abord un rappel à la loi, puis, en cas de récidive, des conséquences juridiques.

 

Les bonnes pratiques à la cantine

Règle n°1 : Installer correctement l’enfant

Un enfant qui gigote ou se lève n’est pas forcément “mal élevé”, il est peut-être mal installé.

L’enfant peut rester assis environ 5 minutes par année d’âge, et pour cela Il a besoin :

d’un bon appui au sol (pieds qui touchent le sol ou un repose-pied),

d’un bon appui dorsal,

d’un siège stable et dur (éviter les chaises molles ou bancales).

Un bon tonus postural favorise la mastication, diminue l’agitation et permet la curiosité alimentaire.

 

Règle n°2 : Être tolérant sur la durée du repas

À 3 ans, 15 à 30 minutes à table, c’est déjà beaucoup. Et s’il bouge, parle, rigole ? C’est normal.

Le repas est aussi un moment social, tout comme quand nous allons au restaurant entre amis. L’agitation d’un enfant ne reflète pas une mauvaise éducation, mais ses capacités cognitives et motrices du moment.

Règle n°3 : Les couverts, ce n’est pas une obligation

Utiliser correctement une fourchette ou un couteau, cela demande :

de la coordination motrice fine,

un apprentissage progressif,

de la concentration.

Avant 6-7 ans, cela peut être trop complexe à gérer en plus de manger, mastiquer, avaler et rester assis.

Autorise les enfants à manger avec leurs doigts si besoin. Il peut encore avoir besoin d’aide pour manger, alors il ne faut pas hésiter à les aider. C’est culturellement acceptable dans de nombreuses régions du monde de manger à la main. Et cela permet parfois à l’enfant de reprendre confiance dans l’acte de manger.

Règle n°4 : Présenter tous les aliments sur un plateau

Un enfant mange d’abord avec ses yeux. Voir l’ensemble du repas (entrée, plat, dessert) déclenche l’appétit et facilite la prise alimentaire.

Autre point important : la vitamine C aide à absorber le fer. Donc manger une compote en même temps que des lentille, par exemple, est nutritionnellement bénéfique.

Règle n°5 : Ne jamais interdire le dessert si l’assiette n’est pas finie

La satiété sensorielle fait que l’on peut avoir envie d’un aliment (le dessert) et ne plus avoir faim d’un (le plat).

C’est cette diversité sensorielle qui nous pousse à manger varié. Un enfant peut délaisser les haricots verts pour manger son fromage, puis délaisser le fromage pour le dessert : c’est naturel et équilibré.

Règle n°6 : “Goûter”, ce n’est pas forcément “manger”

Dire à un enfant : “Tu dois goûter avant de dire que tu n’aimes pas”, c’est comme proposer une sauterelle à un adulte et ne pas comprendre comment il peut dire qu’il n’aime pas la sauterelle sans l’avoir goûter;.

Goûter, c’est :

sentir,

toucher,

poser l’aliment sur les lèvres,

lécher,

croquer,

cracher si besoin,

et avaler si on peut et si on veut.

L’enfant est acteur de sa découverte alimentaire. Le forcer ne fera que provoquer du dégoût, voire un rejet durable.

Règle n°7 : Le stress coupe l’appétit

Le cortisol, hormone du stress, coupe la faim.

Si l’enfant vit la cantine dans une ambiance de cris, de jugements, de pression, son corps va s’adapter : il ne mangera pas, il sera tendu, et gardera un souvenir négatif du repas.

Le stress peut commencer dès le couloir, parfois même dès la sortie de classe. Nous sommes responsables en tant qu’adulte de l’ambiance de la cantine.

Règle n°8 Le rôle de l’adulte à la cantine

En tant qu’adulte, tu es responsable de :

créer un environnement propice : installation correcte, ambiance sereine,

proposer une alimentation variée et accessible,

permettre à l’enfant de choisir ce qu’il mange, combien il mange, et dans quel ordre.

Nos ressources pour se former

Rappel toi, que l’enfant est responsable :

  • De ce qu’il mange,
  • De la quantité qu’il mange,
  • Et dans quel ordre il mange.

C’est ça, le partage des responsabilités, fondement d’une relation saine avec l’alimentation.

Conclusion

Tous les professionnels qui encadrent des enfants à table devraient lire ce guide, l’imprimer, l’afficher et en faire leur base de travail.

Rappelle-toi :

Installe correctement l’enfant

Respecte son temps d’attention

Aide sans crier, sans infantiliser

Autorise à manger avec les doigts

Sois curieux et encourage la curiosité alimentaire

Ne force pas, propose, accompagne avec plaisir

Ce guide est à partager avec toutes les personnes impliquées dans les repas des enfants. C’est ensemble que nous pouvons créer une culture alimentaire respectueuse, éducative et durable.

Pour aller plus loin tu trouveras sur le site des ressources gratuites et payantes afin de t’informer et te former sur l’alimentation de l’enfant et comment les accompagner

 

 

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